Rapport du GIEC

Publié le 17 mars 2023

Quelles sont les conclusions du Sixième Rapport du GIEC publié notamment en 2022 et 2023 ? Que contiennent les 3 rapports principaux et les 3 rapports spéciaux ? Voici la synthèse pour tout savoir.

En 2022, le GIEC conclut un cycle de publication de nouveaux rapports, le 6ème depuis sa création en 1988. Ces rapports font l’état de la connaissance scientifique mondiale sur le sujet du réchauffement climatique, de ses causes, de ses conséquences et des solutions de lutte face au réchauffement climatique.

Le GIEC a ainsi publié ces dernières années trois rapports principaux, émanant de ses trois groupes de travail : un rapport sur l’état de la science climatique et les projections des changements climatiques mondiaux (le rapport du groupe 1 du GIEC), un rapport sur les impacts climatiques, les vulnérabilités et l’adaptation de nos sociétés face aux conséquences du réchauffement climatique (le rapport du groupe 2 du GIEC) et un rapport sur la lutte contre le réchauffement climatique et les leviers d’atténuation (le rapport du groupe 3 du GIEC). Le GIEC a également publié durant ce cycle trois rapports spéciaux : un rapport spécial de 2018 étudiant les conséquences d’un réchauffement à 1.5 degrés et au-delà de ce seuil, un rapport sur les liens entre changements climatiques et usage des terres et des sols, et un rapport sur les liens entre réchauffement climatique et océans et cryosphère.

Dans ces différents rapports sont synthétisées les connaissances scientifiques sur l’ensemble des enjeux du réchauffement climatique : causes, conséquences, leviers d’adaptation et d’atténuation, etc. Et dans le nouveau rapport publié en mars 2023, on trouve un résumé retraçant l’histoire globale de ce cycle de rapports. Voici ce que l’on peut en retenir.

Un réchauffement sans précédent provoqué par les activités humaines
Le rapport du groupe 1 a confirmé et précisé ce que les précédents rapports du GIEC avaient déjà mis en évidence : le réchauffement climatique actuel est sans précédent, et il est provoqué de façon claire par les activités humaines, et en particulier les émissions de gaz à effet de serre anthropiques.

Déjà 1.2 degrés de réchauffement au niveau mondial
L’intensité du réchauffement climatique est particulièrement forte : en 2022, les températures étaient supérieures d’1.2 degrés environ par rapport aux moyennes pré-industrielles. Concernant le rythme du réchauffement climatique, il est même supérieur aux projections précédentes : les températures augmentent de façon très rapide, trop rapide pour que les écosystèmes puissent s’y adapter.

Des scénarios jusqu’à +4 à 5 degrés pour 2100
À propos des prochaines années, les différents scénarios du GIEC sont également alarmants. L’une des missions du GIEC, c’est d’élaborer des scénarios prospectifs, pour modéliser la manière dont va évoluer le climat en fonction de nos choix de société. Va-t-on continuer à émettre de plus de CO2 ? Va-t-on mettre en place des mesures drastiques de lutte contre le réchauffement climatique ? En fonction de ces trajectoires de société, on obtient différents scénarios climatiques. Ce sont les SSP (Shared Socio-economic Pathways), ou trajectoires socio-économiques de référence. Il en existe 5 dans le rapport 2022 du GIEC, qui reflètent différents degrés d’action ou d’inaction climatique.

Dans les scénarios les plus pessimistes (ceux où l’on émettrait de plus en plus de gaz à effet de serre) on atteindrait des hausses de +4 à +5 degrés de réchauffement par rapport aux moyennes pré-industrielles. Les scénarios « business as usual », où l’on continuerait avec les efforts limités mis en place actuellement, nous mèneraient au moins vers 3.2 degrés de réchauffement climatique. À l’inverse, deux scénarios nous permettraient d’avoir de bonnes chances de nous maintenir entre 1.5 et plus ou moins 2 degrés de réchauffement, mais ils nécessitent une action urgente à l’échelle globale.


Les activités humaines en cause
Les données sont également très claires sur la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique. En particulier, c’est la production et la consommation d’énergies fossiles qui provoque l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique (75%). Les principaux secteurs émetteurs de CO2 liées à l’énergie restent la consommation énergétique des bâtiments, les secteurs industriels (en particulier la production de béton, ciment et acier) et le transport (notamment automobile). L’agriculture est aussi responsable d’une grande part des émissions, d’abord car elle est la première cause de la déforestation mondiale, mais aussi parce que l’élevage, notamment de ruminents, engendre de très importantes émissions de méthane, un gaz à effet de serre dont le pouvoir de réchauffement global est environ 30 fois celui du CO2.

Voir aussi : Quelles sont les émissions de CO2 par secteur ?

Des conséquences graves et exponentielles sur les écosystèmes et les sociétés mondiales
Les différents rapports du GIEC, notamment ceux des groupes 1 et 2 et le rapport spécial sur le réchauffement à 1.5 degrés, insistent tous sur les conséquences dramatiques que le réchauffement climatique aura sur les écosystèmes et les sociétés humaines.

Des impacts généralisés sur l’ensemble des écosystèmes
Le réchauffement climatique provoque notamment une hausse de l’instabilité climatique et de la fréquence des évènements météorologiques extrêmes : canicules, sécheresses, incendies, mais aussi, inondations, tempêtes, cyclones. Le réchauffement climatique affecte aussi de manière globale les écosystèmes, notamment les plus fragiles, il perturbe la vie des sols, le cycle de l’eau, la vie des océans. Il participe également à la crise mondiale de la biodiversité en perturbant l’équilibre des habitats naturels notamment.

Les émissions de gaz à effet de serre acidifient également les océans ce qui provoque des changements écologiques majeurs dans les écosystèmes marins.

Voir aussi : Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur la nature ?

Des risques majeurs pour les sociétés humaines
Tous ces impacts écosystémiques ont évidemment des conséquences sur les sociétés humaines : dégâts climatiques et humanitaires, infrastructures dégradées, conséquences sanitaires… La productivité de l’agriculture diminue également, ainsi que l’ensemble des « services écosystémiques » rendus par la nature, c’est-à-dire les fonctions assurées par les écosystèmes naturels et qui bénéficient aux sociétés humaines : pollinisation, irrigation, résilience des sols, etc…

Les ressources en eau potable sont également affectées : sécheresses hivernales, fonte des glaciers de haute montagne, baisse des niveaux des nappes phréatiques, etc…

Des risques croissants, « exponentiels »
L’ensemble de ces risques est déjà observable dans le monde. Mais ils seront démultipliés si le réchauffement climatique se poursuit. Le rapport spécial « 1.5 degrés » a ainsi démontré que les conséquences du réchauffement climatique seront de plus en plus significatives pour chaque seuil de réchauffement supplémentaire. À +1.5 degrés, les conséquences seraient déjà significatives, mais elles seraient dramatiques à 2 degrés, et catastrophiques au-delà. Notamment, le GIEC identifie plusieurs « points de bascule » qui pourraient se déclencher à partir de certains seuils de réchauffement, comme la fonte du permafrost.

S’adapter aux changements déjà en cours
Les différents rapports du GIEC, notamment celui du groupe 2, met également sur la nécessité de s’adapter au réchauffement climatique et aux conséquences qu’il a déjà sur les écosystèmes et les sociétés humaines. Les réalités climatiques ont en effet déjà beaucoup changé dans la plupart des territoires mondiaux, et il faut désormais s’adapter à ces changements : hausse des canicules, sécheresses, incendies, etc. C’est l’adaptation au réchauffement climatique.

S’adapter à une nouvelle réalité climatique
Un certain nombre de nos activités vont donc devoir s’adapter à des changements qui sont déjà irréversibles. L’agriculture, par exemple, va être amenée à changer ses pratiques pour s’adapter à un climat instable, au manque d’eau… Comme le montre le débat sur les méga-bassines, il existe plusieurs manières de s’adapter : une adaptation systémique, qui transforme les méthodes agricoles, ou des méthodes d’évitement plus conjoncturelles, destinées à atténuer les dégâts. Même chose pour les systèmes de santé, qui vont devoir s’adapter à de nouveaux défis : canicules à répétition par exemple, qui affecteront les seniors et les plus fragiles. Les activités industrielles ou les politiques urbaines devront aussi s’adapter pour réduire leurs impacts du climat sur les activités et les populations.

Anticiper les risques à venir
L’enjeu est également de savoir anticiper l’évolution des conditions climatiques et les risques nouveaux qui émergeront dans les décennies à venir avec la poursuite du réchauffement climatique. Les différents rapports spéciaux ont montré que de nombreux écosystèmes (forêts, sols, écosystèmes marins) vont se transformer de manière significative dans les prochaines décennies, et ce d’autant plus que le réchauffement climatique sera intense. 

Il faudra donc que l’ensemble des activités humaines établisse des plans d’adaptation pour anticiper ces changements et prévenir les risques.

Protéger les plus fragiles et agir pour la solidarité climatique
Les rapports insistent également sur la dimension sociale de la crise climatique. On observe en effet que le réchauffement climatique frappe de façon disproportionnée les plus pauvres, que ce soit à l’échelle des citoyens ou des pays et territoires. Il y a donc un double enjeu face au réchauffement climatique : celui de protéger les plus fragiles, et de mettre en oeuvre des process de solidarité climatique.

Protéger les plus faibles des impacts climatiques
Les données montrent que ce sont souvent les populations défavorisées qui subissent le plus intensément les conséquences de la crise climatique. Les plus pauvres, plus exposés aux logements mal isolés ou insalubres, vivent plus difficilement les crises de canicule, et sont frappés plus violemment par les événements climatiques extrêmes. Dans l’avenir, ils seront aussi les premières victimes de l’inflation induite par les baisses de productivité agricole ou par la hausse des coûts de production globale.

S’adapter au réchauffement climatique, c’est donc aussi faire en sorte de protéger ces populations, de limiter les impacts que pourrait avoir la crise climatique sur elles. Il s’agit alors de mettre en oeuvre des politiques de sécurité sociale, mais aussi de lutter contre les inégalités pour permettre à tous d’accéder à des conditions de vie plus sûres dans un contexte climatique incertain.

La solidarité et la justice climatique
Les plus riches (citoyens ou pays) contribuent de façon nettement plus importantes que les plus pauvres à la crise climatique. Ils génèrent plus d’émissions de gaz à effet de serre, et profitent nettement plus des retombées de nos systèmes économiques polluants. Il sont aussi plus épargnés par les conséquences du réchauffement climatique. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faudra donc aboutir à une forme de justice ou de solidarité climatique. C’est l’un des points essentiels du rapport du groupe 2 du GIEC.

Cette justice climatique signifie que les pays les plus riches doivent financer la transition et l’adaptation dans les pays les plus pauvres, mais aussi que les citoyens doivent contribuer plus fortement au financement de la transition dans l’ensemble des pays du monde. Il s’agit aussi de trouver des leviers pour réduire les inégalités climatiques, et éviter que les plus aisés ne continuent à générer des quantités beaucoup trop importantes d’émissions de gaz à effet de serre.

Voir aussi : Qu’est-ce que la justice climatique ? 

L’importance d’une approche éco-systémique globale
Les rapports sur l’océan et la cryosphère ainsi que celui sur l’usage des terres ont montré clairement que la problématique climatique est étroitement liée à la question plus large de la préservation des écosystèmes planétaires.

Protéger et gérer les puits de carbone
La protection des écosystèmes mondiaux capables de stocker du carbone (les puits de carbone) est l’une des solutions au réchauffement climatique les plus simples à mettre en oeuvre. Les forêts, les sols, les océans, ont un rôle capital dans les cycles du carbone, et ils peuvent jouer un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Lutte contre la déforestation, gestion intégrée des sols, changement des pratiques agricoles, préservation des zones sauvages, protection de la biodiversité terrestre et marine sont ainsi autant de leviers pour non seulement atténuer le réchauffement climatique mais aussi agir pour la protection globale de la nature.

La recherche estime qu’il faudrait protéger 30 à 50% des écosystèmes naturels pour une stratégie efficace de préservation de la nature, et aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Les solutions basées sur la nature
Le GIEC, notamment dans le rapport du groupe 3, met aussi en avant le rôle que peuvent jouer les écosystèmes pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Grâce à la reforestation, à la production d’énergies basées sur la biomasse avec stockage du carbone, grâce à une gestion différente des sols agricoles, les écosystèmes ont le potentiel de servir de systèmes de stockage du CO2 de façon pro-active.

Mais ces solutions ne sont efficaces qu’à condition d’être intégrées à une approche écosystémique globale. Il ne s’agit donc pas de planter des arbres à tout va en monoculture pour stocker du carbone, mais de réfléchir à des projets de régénération écosystémique cohérents, ancrés dans leur territoire, et déconnectés des logiques marchandes.

La nécessité de la sobriété
L’une des grandes nouveautés de ces rapports du GIEC, c’est qu’ils abordent pour la première fois, notamment dans le rapport du groupe 3, la notion de sobriété. Bien-sûr, dans les précédents rapports, les changements de comportements étaient aussi abordés, mais c’est la première fois que la référence à la modération de nos productions et consommations est aussi clairement évoquée.

L’insuffisance des solutions techniques
Les rapports du GIEC, notamment celui du groupe 3, montre que les solutions techniques (énergies renouvelables, nucléaire, hydrogène, efficacité énergétique, innovation, capture du CO2) devront être mises en place pour parvenir à infléchir la courbe des émissions de CO2 et atteindre les objectifs climatiques. Il faudra même un déploiement rapide de ces dispositifs techniques pour engager la baisse de nos émissions de CO2.

Mais les différents rapports précisent bien que ces solutions ne seront pas suffisantes si nos modes de production et de consommation ne changent pas. Les nouvelles technologies « vertes » ont en effet elles aussi des impacts environnementaux, qui risquent d’être très importants si on ne met pas en place un paradigme de sobriété.

La sobriété au coeur de la lutte contre le réchauffement climatique
En matière de mobilité par exemple, la transition vers le véhicule électrique ou des nouvelles technologies de transport doit s’accompagner d’une décroissance de nos besoins en déplacements, et d’une transition vers plus de mobilités actives. Les nouvelles méthodes agricoles doivent être pensées en même temps qu’une réduction de la consommation de produits d’origine animale, et que la végétalisation de notre alimentation.

D’une manière générale, il s’agit de penser des systèmes qui produisent moins, mais mieux, pour répondre à nos besoins en réduisant la consommation de ressources ou d’énergie.

Les actions nationales et internationales en retard sur tous les enjeux
Le rapport du groupe 3 du GIEC, dédié aux trajectoires d’atténuation du réchauffement climatique, montrent également que les efforts actuellement mis en place sont très insuffisants pour éviter une crise climatique dramatique.

Toujours pas de baisse des émissions de gaz à effet de serre
Quelques chiffres pour mieux comprendre : 17% de l’ensemble des gaz à effets de serre émis depuis la Révolution Industrielle ont été émis depuis moins de 10 ans. Chaque année près de 60 milliards de tonnes de CO2 sont émises par les activités humaines, ce qui représente 12% de plus qu’en 2010 et 54% de plus qu’en 2000. Nos émissions sont donc en constante augmentation, et les seules baisses observées ces dernières années ont eu lieu pendant les confinements liés à la Covid-19.

Les promesses climatiques non tenues
Le GIEC montre aussi que les politiques climatiques actuelles sont loin d’être à la hauteur des promesses faites dans le cadre des accords internationaux ou des stratégies de réduction des gaz à effet de serre actées par les différentes instances nationales et internationales.

Par exemple, les politiques des principaux pollueurs mondiaux sont bien moins ambitieuses que les promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris, déjà insuffisantes pour rester sous les 1.5 degrés de réchauffement climatique.

L’urgence d’inverser la tendance de l’action climatique
Autre point essentiel à retenir : l’urgence absolue de mettre en place des actions plus ambitieuses.

Un budget carbone limité
D’après les données récentes sur notre budget carbone, il ne faudrait pas émettre plus de 500 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires pour espérer se maintenir sous le seuil d’1.5 degré de réchauffement. C’est à peine 7 à 8 années si l’on continue à émettre autant qu’aujourd’hui. Pour l’objectif de 2 degrés, la limite serait autour de 1150 milliards de tonnes de CO2, soit moins de 20 années d’émissions si l’on ne réduit pas drastiquement la cadence des émissions.

Une fenêtre d’opportunité très limitée
La revue des données scientifiques montre donc que la fenêtre d’opportunité pour lutter contre le réchauffement climatique se referme un peu plus chaque jour. Si l’on voulait s’engager dans des scénarios permettant de limiter les impacts climatiques, il faudrait s’engager dès maintenant dans une baisse de nos émissions. Elles devraient ensuite baisser de près de 8% par an pour être cohérent avec les rythmes nécessaires à l’atteinte de nos objectifs climatiques. Or pour l’heure, on en est loin, et plus on attend, plus la transition sera rude.

Des changements structurels majeurs dans tous les secteurs
Mais alors, que préconise le GIEC pour effectuer cette bascule vers un monde bas carbone ? 

Un panel de solutions possibles
Eh bien, précisément, le GIEC ne préconise rien, car ce n’est pas son rôle. Mais il fait la compilation des données scientifiques qui montrent comment certains changements, certaines technologies, pourraient nous permettre de lutter contre la crise climatique. Et ce que révèle cette littérature scientifique, c’est qu’il n’existe pas de solution miracle. En fait, de nombreuses solutions peuvent contribuer, selon la manière dont elles seront mises en place, à la transition climatique. 

Parmi elles, la recherche met notamment d’abord en avant la sortie des énergies fossiles : il faudrait réduire l’usage du charbon, du pétrole et du gaz d’environ 95, 60 et 45% respectivement d’ici 2050 pour espérer éviter de dépasser le seuil d’1.5 degrés. Comment ? Notamment grâce aux énergies renouvelables et autres énergies bas carbone, la transition vers des mobilités électriques. Les autres solutions fondamentales : la transition vers une agriculture plus végétale, la protection des écosystèmes, les « solutions par la nature » comme la reforestation. Dans certains secteurs, notamment l’industrie, ce sont des solutions comme l’hydrogène vert qui ressortent, ou encore la capture du CO2, l’éco-conception et l’innovation pour développer des technologies plus efficientes, etc. C’est en combinant l’ensemble de ces solutions à des changements profonds de nos modes de production et de consommation que nos émissions pourront baisser rapidement. 

Voir aussi : L’hydrogène vert est-il écologique ?

Une révolution économique, sociale et territoriale
Bien-sûr, des dizaines de solutions sont à envisager dans les différents secteurs, et des réglementations devront encadrer tous ces changements, qui représentent une véritable révolution économique. Car pour mettre en place ces solutions, on ne pourra pas se contenter de déployer de nouvelles technologies, il faudra aussi changer les structures, les modes de production, les modes de gouvernance. Il faudra penser un système économique basé sur de nouveaux indicateurs, capable de refléter l’impact de nos productions économiques sur l’écosystème, une nouvelle fiscalité, qui reflète les coûts environnementaux. Économie circulaire, économie de la fonctionnalité, voilà les modèles économiques qui peuvent être mis au service de la sobriété.

Mais la révolution est globale : ce sont aussi les politiques urbaines qui devront se transformer pour faire émerger des territoires moins dépendants de la voiture, des énergies fossiles. Les politiques sociales et même fiscales devront s’adapter à de nouveaux enjeux, etc.

Une transition complexe et un défi démocratique
Dans l’ensemble, chacun des rapports du GIEC revient sur la complexité de la réforme climatique. Les transformations à accomplir sont telles qu’elles vont changer considérablement notre société. Il faudra faire des efforts pour sortir des logiques actuelles, faire évoluer nos modes de production, nos modes de vie.

L’acceptabilité des changements structurels et la répartition des efforts
L’un des grands enjeux de cette transition est donc de voir comment on pourra répartir ces efforts, ces sacrifices, de manière à ce qu’ils soient acceptables pour tout un chacun. On ne peut pas, par exemple, imposer la fin de la voiture individuelle à des citoyens qui n’ont pas d’alternative (transports en commun par exemple), notamment dans les zones rurales. À l’inverse, c’est un effort qui est plus acceptable dans les grandes villes, plus denses et bien dotées en réseaux de transport. 

Faire la transition écologique, c’est gérer ce genre de problématiques à tous les niveaux : systèmes de transports, habitat, consommation, pouvoir d’achat… Et ce n’est jamais simple, car il faut penser des réformes qui ne pèsent pas trop sur les plus défavorisés, notamment.

Un enjeu de démocratie
Il y a donc derrière la lutte contre le réchauffement climatique un enjeu de démocratie. Les rapports du GIEC insistent sur le fait que les solutions élaborées de manière concernées avec l’ensemble des acteurs de la société sont généralement les plus efficaces pour enclencher des changements. Il s’agit donc aussi de transformer nos modes de gouvernance pour mieux impliquer les citoyens, les associations dans les prises de décision.

Plus de démocratie directe, un démocratie plus décentralisée, proche des territoires, des modes de gouvernance participatifs, à l’image de la Convention Citoyenne pour le Climat, permettraient de développer de faire émerger des propositions politiques et sociales plus consensuelles, et donc d’accélérer la transition climatique.

Les conclusions du rapport de synthèse du GIEC
Voilà donc les 10 points clés à retenir du rapport de synthèse issu de ces 6 rapports :

  • Le réchauffement est sans précédent et provoqué par les activités humaines 
  • Les conséquences sont dramatiques et exponentielles sur les écosystèmes et les sociétés mondiales 
  • Il faudra s’adapter aux changements climatiques déjà en cours 
  • La solidarité et la justice climatique seront indispensables
  • Une approche éco-systémique globale (incluant les enjeux de biodiversité ou de ressources) devra être menée dans la lutte contre le réchauffement climatique
  • La sobriété sera indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique
  • Les actions nationales et internationales sont en retard sur tous les enjeux 
  • Il y a urgence à agir et à inverser la tendance 
  • Des changements structurels majeurs devront être menés dans tous les secteurs, grâce notamment aux énergies renouvelables, aux mobilités électriques, etc.
  • La transition sera complexe et constituera un véritable défi démocratique
    Bien-sûr, les 6 rapports du GIEC regorgent d’informations complémentaires, sur les modélisations climatiques, sur les conséquences locales des changements écologiques, sur les projections et les scénarios.

Mais le rapport de synthèse publié en mars 2023 montre bien ces points essentiels, et la nécessité de s’engager très rapidement dans un changement systémique pour faire face aux conséquences dramatiques du réchauffement climatique.

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